Découvrez la dorure à chaud traditionnelle : un atout incontournable pour sublimer vos créations papier

Dans mon atelier Forme contre forme situé à Bordeaux, je travaille le papier sous toutes ses formes grâce à diverses disciplines : emboîtage, reliure, linogravure, risographie et impressions artisanales. Aujourd’hui, je vous invite à découvrir la dorure à chaud, une technique d’impression raffinée qui consiste à appliquer un film métallisé sur du papier à l’aide d’une presse chauffante. Si cette méthode s’est modernisée avec l’arrivée des presses numériques, je reste attachée à la version traditionnelle, utilisée dans mon atelier à Bordeaux. Plus authentique et exigeante, la dorure à chaud artisanale révèle une qualité et une profondeur que les procédés modernes ne parviennent pas à reproduire.

Qu’est-ce que la dorure à chaud ?

La dorure à chaud est une technique d’impression qui consiste à transférer un film métallisé sur un support (papier, carton, cuir) à l’aide d’un cliché apposé sur une base chauffante. Le cliché, gravé à partir d’un design vectoriel, est chauffé avant d’être appliqué sur le support, permettant ainsi le transfert du film métallisé.

L’histoire moderne de la dorure à chaud débute en 1892, lorsque Ernst Oeser, relieur et entrepreneur berlinois, dépose un brevet pour la production d’estampages colorés utilisant des feuilles métalliques (source). Ce procédé, connu sous le nom de « film Oeser », marque une étape cruciale dans l’industrialisation de la dorure à chaud, en permettant son application sur papier de manière efficace.

Dans les années 1930, George M. Whiley, un fabricant britannique, introduit une innovation majeure : l’utilisation d’or atomisé sur de fines feuilles de film polyester (source). Cette évolution technique permet d’accroître l’accessibilité et la diffusion de la dorure à chaud, qui connaît son âge d’or dans les années 1950 à 1960.

Ces avancées ont jeté les bases des techniques de dorure utilisées aujourd’hui, alliant tradition artisanale et innovation technologique.

Comment ça marche ?

La dorure à chaud fonctionne de manière similaire à la typographie traditionnelle : la dorure (ici le film métallisé) est appliquée au papier par pression. La première étape consiste à faire le design des matrices métalliques (ou clichés). Elles sont gravées dans la forme exacte de chaque élément à dorer.

Les clichés utilisés en dorure à chaud sont généralement fabriqués en magnésium, en cuivre ou en laiton. Le magnésium, plus économique, convient bien aux petites séries. Le laiton, plus résistant, est idéal pour les motifs complexes ou les grandes séries. Ils sont réalisés à partir de fichiers vectoriels gravés chimiquement ou mécaniquement à l’aide d’une fraiseuse ou d’un procédé photopolymère.

Chaque couleur de dorure nécessite une matrice et un passage séparé sous la presse. Ainsi, pour une création multicolore, plusieurs passages sont nécessaires avec un ajustement minutieux à chaque étape. Certains clichés peuvent également être conçus pour ajouter un effet embossé (relief), afin de souligner davantage certaines zones du motif.

La presse chauffe un bloc contenant les clichés qui viennent presser le film de dorure contre le papier. Le pigment métallisé se transfère uniquement là où la pression est appliquée. C’est un subtil équilibre entre chaleur, pression et temps de contact. Il faut donc de la patience et de l’expérience.

De quoi sont faits les films de dorure ?

Les films de dorure à chaud sont des matériaux composites composés de plusieurs couches :

1. Un support polyester (souvent en PET) : c’est la base du film, transparente et résistante à la chaleur.
2. Une couche de séparation : elle permet au motif métallique de se détacher proprement du film une fois pressé.
3. Une couche métallique : généralement en aluminium, elle donne l’effet doré, argenté ou coloré.
4. Une couche d’adhésif thermofusible : elle est activée par la chaleur et fixe le motif métallisé au papier.

Ces films sont disponibles dans de nombreuses finitions : brillante, mate, colorée, holographique, pigmentée, iridescente.

Les outils de mon atelier

Dans mon atelier à Bordeaux, je dispose de plusieurs petites presses me permettant de réaliser des projets variés en dorure à chaud, du petit marquage typographique aux impressions plus complexes avec des clichés personnalisés.

• Regina Tiflex : parfaite pour les petits marquages typographiques.
• Kobo KB-338 : moyen format, puissante, elle est idéale pour les clichés en magnésium ou laiton, pour des formats plus larges (125 x 220 mm).
• Kis-Mic Junior 2 : polyvalente et maniable, parfaite pour les petites séries.

Et demain ? J’espère pouvoir accueillir un jour dans l’atelier une platine Heidelberg Ofmi T 26×38 converti en dorure, pour aller encore plus loin dans la production artisanale traditionnelle.

Les avantages et limites de la dorure traditionnelle

La dorure à chaud traditionnelle permet d’obtenir un marquage net et durable, avec un rendu métallisé qui accentue visuellement certains éléments du support. Cette technique est particulièrement appréciée pour sa capacité à produire des effets visuels raffinés et tactiles distinctifs.

• Un rendu lumineux et précis, incomparable avec d’autres techniques d’impression.
• Une très bonne tenue dans le temps, sans perte de brillance.
• Un relief tactile subtil qui donne du caractère au support.
• Une personnalisation infinie, même sur de petites quantités.

Cependant, cette technique a aussi ses contraintes :

• Elle nécessite une préparation spécifique, avec la création de clichés ou l’usage de caractères typographiques (voir mon article) adaptés.
• Chaque passage de couleur demande un calage et un passage distinct, ce qui augmente le temps de production et le coût.
• Les détails très fins ou complexes peuvent être difficiles à rendre parfaitement, surtout sur des papiers très texturés.
• Elle est moins adaptée à la production en masse, notamment pour des projets à petit budget ou à délais très courts. En effet, ce processus implique un calage (ajustement précis de la pression, de la température et de l’alignement) et de la passe correspondant à la quantité minimale de papier nécessaire pour régler correctement la machine avant d’obtenir des exemplaires conformes. Cette étape est indispensable pour garantir la qualité du tirage final.

Malgré cela, pour qui cherche un rendu raffiné, artisanal et unique, la dorure à chaud reste un choix d’exception.

Le processus d’impression pas à pas

Voici les grandes étapes pour réussir une impression en dorure à chaud, du premier croquis à la réalisation finale.

1. Création ou sélection du motif à dorer : soit via un fichier vectoriel qui servira à fabriquer un cliché métallique.
2. Gravure du cliché : selon la complexité du motif, le cliché est réalisé en magnésium, laiton ou dural (alliage d’aluminium et de cuivre).
3. Réglage de la presse : on ajuste la température, la pression et le repérage du support. Ces paramètres sont cruciaux pour assurer la netteté du transfert.
4. Positionnement du papier et du film : le support est placé avec précision et en repérage, tout comme le film métallisé qui sera appliqué.
5. Passage sous presse : la matrice chauffée vient appuyer sur le papier avec le film, et fixe la dorure.
6. Finitions : chaque exemplaire est vérifié en cours de marquage et si nécessaire, des ajustements sont faits avant les autres passages.

Comment préparer vos fichiers ?

Une préparation rigoureuse de vos fichiers garantit un résultat optimal. Voici quelques conseils :

• Fournir un fichier vectoriel (AI ou PDF) avec les éléments à dorer en noir 100 %, sans demi-teinte.
• Créer un calque spécifique dédié à la dorure, distinct du reste du visuel.
• Adapter le choix du papier par rapport à la complexité et à la finesse de son design, le papier participe à la beauté du résultat final.
• Indiquer clairement les dimensions finales, le type de papier envisagé et la quantité souhaitée.

Quelles applications ?

La dorure à chaud artisanale s’adapte à une grande variété de projets graphiques, qu’ils soient uniques, en petite ou moyenne série :

• Boîtes et écrins.
• Faire-part (naissance, mariage, baptême).
• Cartes de visite haut de gamme.
• Cartes artistiques.
• Cartes de vœux, dépliants, invitations.
• Couvertures de carnets ou de livres personnalisées.

Conclusion

La dorure à chaud est bien plus qu’une technique : c’est un art d’orfèvrerie sur papier. Elle demande rigueur, patience et passion, mais offre en retour des créations raffinées et élégantes. Dans mon atelier, je mets ce savoir-faire au service de vos projets pour leur donner vie. Boîtes, écrins, faire-part, cartes de visite, créations uniques, chaque réalisation est pensée avec soin, et chaque dorure est réalisée à la main, dans le respect des traditions artisanales.

N’hésitez pas à faire un petit tour sur mon site et ma boutique en ligne (https://alexandrinethore.fr/boutique/), et suivez-moi sur les réseaux sociaux afin de voir toute mon actualité.

Chaque article de ce blog est bien plus qu’un simple contenu à lire. C’est un véritable lieu d’échange où j’espère que vous vous sentirez inspirés à partager vos idées, vos expériences et vos questions. N’hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous, à poser des questions ou à partager vos propres astuces et projets créatifs. J’adore lire vos retours et discuter avec vous, car c’est dans ces moments de partage que la véritable magie opère. Votre avis compte, alors n’hésitez pas à participer à la conversation !

Bon dimanche à tous·tes

À très bientôt